13 ans déjà que, partie avec Pierre Letourneur, Philippe Pappini, Serge Mingolo, nous sommes allés dans un orphelinat au sud du Cambodge au bord de la mer à 15 km à vol d’oiseau du Vietnam.
Kep était, avant l’arrivée des khmers rouges, l’équivalent de notre St Trop’… mais en 1995, quelle désolation !
Les maisons étaient détruites, les arbres de la forêt avaient été coupés pour être vendus afin de financer la guerre.
La population commençait à revivre, mais avec quelles difficultés !
Le médecin qui venait au dispensaire n’avait quasiment plus de matériel et très peu de matériel, malgré les très grands besoins pour soigner le paludisme et les problèmes respiratoires ainsi que les blessures en tous genres.
Le chantier de l’orphelinat que nous sommes allé électrifier était financé par l’association ASPECA, organisme de parrainage pour permettre aux enfants orphelins ou de familles sans ressources de les prendre en charge, de faire des études. Les quatre «mamans» de l’orphelinat étaient de jeunes femmes qui avaient la responsabilité d’une quinzaine d’enfants chacune.
Deux maisons supplémentaires étaient en construction (hommes et femmes travaillaient sur le chantier, sans mécanisation) financées par la communauté de la Pierre qui Vire qui était auparavant installée sur ce terrain et avait dû en partir lors de l’arrivée des khmers rouges.
Les plus grands jeunes de l’orphelinat (13 et 14 ans) ont alors travaillé avec nous sur le chantier et appris les premières bases de l’électricité.
Quels souvenirs ! Immergés dans ce petit village avec les enfants et les travailleurs cambodgiens du chantier dont deux déposaient leur kalachnikov en arrivant ; l’ancien hôtel où nous logions et où nous voyons arriver un soir des camions de l’armée avec soldats armés jusqu’aux dents ; la pub pour les cigarettes d’Alain Delon ; une araignée de 15 cm de diamètre ; les enfants experts en épluchage des ananas en diagonale ; nos efforts respectifs pour communiquer malgré la barrière de la langue, la mer à la couleur de la terre…
Voilà pourquoi, lorsque l’on revient d’un chantier ESF, on est un peu déphasés par rapport à notre mode de vie occidental et que l’on peut relativiser l’importance de nos soucis.