En Asie
2002 Hôpital Norodom Sihanouk Cambodge
13 septembre 2002, Phnom Penh Cambodge, hôpital Préah Bath Norodom Sihanouk
Mission: alimenter en électricité le futur et unique service de cancérologie du pays.
Le décor est planté pour l’équipe de l’association Energies Sans Frontières (ESF)
Issus d’univers professionnels différents, les bénévoles d’ESF, techniciens DEGS, assistante de direction en CNPE, retraités GDF, responsable de laboratoire Schneider ainsi que notre collègue de SiRA ont 22 jours pour mener à bien leur mission. L’enjeu est de taille. Sur les 40000 nouveaux cas de cancers recensés chaque année, seulement 100 patients peuvent séjourner à l’hôpital. Les familles les plus aisées envoient leurs malades dans des hôpitaux vietnamiens ou thaïlandais.
L’alimentation principale est tirée à partir d’un transformateur situé à 200 mètres du pavillon. La tranchée est réalisée en un jour par les cambodgiens équipés de simples pelles et pioches. La volonté est à l’image du besoin. Les bénévoles d’ESF savent qu’ils doivent être à la hauteur. Chaque pièce du pavillon est équipée d’éclairage néons, de prises électriques et d’équipements spécifiques pour les salles de traitement et pour le bloc opératoire. Au delà de l’aspect technique reste la dimension humaine. L’équipe cohabite quotidiennement avec les malades dans un univers ou l’hygiène est précaire. Le souvenir des visages se grave à jamais. Celui de cette belle jeune fille unijambiste au regard triste qui esquisse un sourire à la fin du séjour. Celui de cette mère de famille mourante entourée des siens. ou encore celui de cette très vieille femme qui se raidit chaque jour un peu plus.
Le carnet de bord de l’hôpital, laissé négligemment sans la salle de réunion qui fait office de cantine, acte des 3 à 4 décès quotidiens. Pourtant, le sentiment de mission accomplie est palpable et vient renforcer l’intense émotion des adieux entre l’équipe ESF et leurs hôtes cambodgiens.
La modeste participation d’ESF dans ce projet doit permettre à partir du 1er janvier 2003, de traiter les malades cambodgiens atteints du cancer dans leur pays.
HENRI
Le number one du groupe
Qui manage si bien ses troupes
Règle tous les problèmes d’intendance
En faisan attention à la dépense
Pour toutes ces raisons pas trop sur le chantier
Mais dès qu’il peut présent à nos côtés
Malheureusement dans tout cela une fausse note
Notre Henri n’aime pas les carottes.
MICHEL N
Toi le number two de notre équipe
Tous les matins les derniers conseils tu nous prodigues
Si certains ne savent pas monter à l’escabeau
Toi, on t’y voit toujours perché plus haut
Le soir à l’estaminet, tu attends qu’on bouge
Car tu voudrais bien aller prendre ta douche.
PIERRE
Quand je l’ai vu arriver avec sa mine
Je me suis dis « ça y est, ils nous ont envoyé Lénine »
Le téléphone étant sa spécialité
Toute la journée, les sonneries ont tintinnabulé
Mais pour lui ça ne suffit pas il faut que ça bouge
Le voilà t’y pas qu’il nous fait clignoter des voyants rouges
Et le soir quand on déambule dans la ville assoupie
Il se met à crier « ve lou gari »
JEAN-CLAUDE
Que serions nous sans notre interprète
Qui répond toujours présent à nos requêtes
A son expérience des voyages et de l’Asie
Nous aide à mieux comprendre et nous instruit
Sur son carnet, il note des expressions
Que distille un gros trublion
Mais c’est par sa sagesse, sa simplicité et sa discrétion
Proportionnelles à sa grandeur, que nous l’apprécions.
MICHEL B
Que dire de cet énergumène
Sinon qu’avec lui « y a pas de problème »
Ses relations avec les autochtones
Sont simples, faciles et bonnes
Le travail avec lui se fait dans la bonne humeur
Même si pour cela il lui faut des litres de sueur
A propos de litre, il passe de la bière au Ricard
Avant de finir avec Jean-Bernard.
GERARD
De sa belle Provence, il nous est arrivé
Le métier, il connaît
Poser des tubes et tirer des ficelles, pour lui n’a pas de secret
Passionné d’instruments de musique exotique, notre biau barbu
Est aussi un fin littéraire
Sa sobriété est exemplaire et à ses heures
Il prend plaisir à nous distiller à guichet fermé
Calembours, onomatopées et citations
Qui bien sur retiennent toute notre attention.
LYDIA
Avec nous tu n’es pas à la fête
Quand on te traite de naine ou que je te chante Huguette
Ce ne doit pas être simple pour toi
De te retrouver au milieu de six gars
Au travail tu apprends vite avec tes doigts agiles
Même si ton geste est hésitant il est toujours gracile
Le groupe serait terne sans toi
Mais tu le fais briller de mille éclats.
2008 Mise en lumière de la grotte de Konglor au LAOS
Mise en lumière de la salle comportant
des stalactites et des stalagmites
Rivière souterraine de Konglor
District de Hin Boun --- Province de Khammouane
PDR LAO
Dans le but de favoriser le tourisme, l’ONG Energies Sans Frontières (France) a réalisé du 17 octobre au 12 novembre 2008 la mise en lumière de la salle comportant des stalactites et des stalagmites dans la rivière souterraine de Konglor.
Cette réalisation a été demandée par le Gouverneur de la Province de Khammouane, Monsieur Kambay DAMLAT dans le cadre de la coopération entre la Région Rhône-Alpes (France) et la Province de Khammouane.
Avant de réaliser ce projet, l’ONG Energies sans frontières (ESF) a conduit une mission d’évaluation en 2007.
Une étude de la mise en lumière a été engagée en France, puis ESF a recherché le financement du projet qui s’élève a 132 000 USD. La Région Rhône-Alpes a apporté plus de 50% du financement.
Le complément du financement a été apporté par des entreprises partenaires d’ESF, et par Electricité du Laos (EDL), partenaire du projet.
Des étudiants de l’école d’ingénieurs en électricité de Grenoble (France) ont participé à l’étude et à la réalisation du projet.
Le projet a nécessité la construction d’ouvrages importants, une extension du réseau électrique haute tension de 1650 mètres, l’installation d’un poste de transformation, puis une ligne basse tension de 1650 mètres à l’intérieur de la rivière souterraine et enfin les réseaux électriques et les projecteurs pour l’éclairage des stalactites.
Ce projet a été conçu en prenant en compte l’environnement et les économies d’énergies.
Les projecteurs d’éclairage utilisent les technologies nouvelles.
La mise en lumière s’opère en trois temps : un balisage au sol à partir de diodes électro luminescentes de couleur bleue, puis l’éclairage des stalactites et des stalagmites, par des projecteurs et enfin l’éclairage de la voûte de la salle.
La viabilité du projet sera assurée d’une part par la mise en place d’un Comité de Gestion villageois recevant une partie du prix du billet d’entrée acquitté par les visiteurs, et d’autre part par la maintenance technique apportée par les techniciens d’Electricité du Laos. Les techniciens EDL ont participé avec l’équipe ESF à la réalisation du projet, et ils ont reçu une formation à la maintenance appropriée.
L’ensemble des matériels a été apporté de France, par conteneur maritime.
Grâce à la réalisation de ce projet, et à la facilité d’accès au village de Konglor, (construction d’une route goudronnée jusqu’au village), les visiteurs devraient arriver en nombre à Konglor, dans ce site particulièrement intéressant ou l’éco tourisme devrait se développer fortement.
L’ONG ESF est présente au Laos depuis plus de 10 ans. Elle intervient dans le cadre de l’accès à l’énergie et à l’eau, dans les villages particulièrement défavorisés.
Contact : Jean-Louis CHARLOT
Responsable de projet LAOS
Tél : 00 33 6 78 66 23 11
Email :
1998 Palestine
Mission d’évaluation sur production thermique et réseau de distribution.
Deux participants : Juppé de Bourg en Bresse pour les groupes électrogènes et Charrin pour le réseau BT et relations.
Cette évaluation se trouve à Sika dans la banlieue d’Ebron.
Suite aux difficultés de circulation, 6 heures pour faire 20 kilomètres nous optons pour loger sur place.
Le séjour fut riche en d’enseignement sur le plan humain et les contacts chaleureux avec les autorités et la population.
Le groupe électrogène installé par « Caterpillar » (160kwa) est couplé par nos soins par la pose d’un sectionneur avec un groupe russe (65 kW) mis à leur disposition.
Nous avons fait les fiches d’exploitation pour chaque groupe.
Démarrage du 160 puis arrêt et reprise par le 60 pour économiser le gas-oil.
Pour le réseau BT, élagage des branchements, éclairage public, changement du disjoncteur général. La production et le réseau peuvent supporter une augmentation de puissance et faire face à la demande de la population.
Cette opération nous à conforter sur la nécessité de « faire avec » les utilisateurs de l’énergie mis à leur disposition.
1995 Dien Bien Phu Vietnam
Dien Bien Phu certainement les trois mots de la langue vietnamienne les plus prononcés par une génération de français du milieu du siècle dernier et réunis symbolisés un haut lieu chargé d’histoire mais situé ce fameux champ de « bataille » sur une carte du Vietnam était déjà plus difficile.
En 1954 quand j’étais encore adolescent et débutant dans ma carrière professionnelle ces mots étaient synonymes d’une défaite militaire retentissante et de la fin du colonialisme français en Indochine mais tout cela était bien loin de notre chère patrie.
C’est pourquoi en 1995 quand le monde hospitalier de l’ «Aide médicale à l’équipement» de Grenoble a sollicité Energie Sans Frontières pour réaliser en partenariat la réhabilitation de l’alimentation électrique de l’hôpital de Dien Bien Phu regroupant 200 lits je me suis tout de suite porté volontaire en complément de l’intérêt accordé au projet afin de concrétiser ce que j’avais entendu et lu sur cette fameuse cuvette.
Avec la participation active d’Yves et de l’équipe de la mission nous avons étudié la réalisation. Nous sommes partis à trois avec Thierry et Claude sur une période de trois mois de septembre à novembre, restant un mois chacun sur place. Mon rêve se concrétiser quarante ans après cette fois étant en retraite et je pourrais mettre des images sur ce qui représentait pour moi une grande page de l’histoire du peuple vietnamien.
Ce fut une formidable expérience travaillant avec six électriciens vietnamiens de la compagnie d’électricité locale et de Quan une jeune personne polyvalente d’une extrême gentillesse- comme tous ceux que l’on a côtoyé- qui logeait dans une pièce d’un bâtiment de l’hôpital et qui faisait fonction d’homme à tout faire depuis le gardiennage, l’entretien courant, l’ambulancier et surtout les relations entre le monde hospitalier et nous bien que lui ne parlait pas le français et nous encore moins le vietnamien !!!! Mais un geste ou un regard suffisait à nous comprendre.
J’atterris à Hanoi le 3 octobre 1995 et sur place je prends contact avec l’hôpital de Dien Bien Phu pour me récupérer le plus tôt possible à l’hôtel Especen. Le rendez-vous est fixé pour le lendemain matin de bonne heure, mais à Hanoi il y avait 3 hôtels Especen aussi ce ne fut qu’en fin de matinée, étant bien sur dans le dernier hôtel à être visité, que j’ai vu arriver une ambulance soviétique en mauvais état (700 000 km au compteur) mais conduit par le chirurgien chef de l’hôpital adjoint au directeur. Tout d’abord, j’avais pensé que l’on avait mobilisé les hautes autorités locales mais après renseignement cette personne avait un rendez-vous à Hanoi avec le Ministère de la Santé et profitait de son retour pour me véhiculer !!!!
Les 450 kilomètres entre Hanoi et Dien Bien Phu sur des routes en très mauvais état à 30 km/h ont nécessité un arrêt pour dormir vers Maïchau et ce n’est que le lendemain vers 22 heures que nous sommes arrivés à destination. Après ce voyage relativement fatigant de part l’inconfort du véhicule car le long de la route il s’est transformé en taxi brousse et par l’état des routes je pensais prendre un bon repos mais c’était sans compter sur l’hospitalité de nos hôtes et un comité d’accueil m’attendait avec discours, congratulations, repas sans oublier le traditionnel verre d’alcool de riz -même plusieurs je crois- accompagné de la célèbre formule 100% qui invitait le buveur à ingurgiter d’un seul trait tout le breuvage plutôt décapant pour l’estomac……
Les souvenirs de mon hébergement la première nuit furent assez confus mais la chambre me paraissait très correcte.Le lendemain matin, réveil matinal à 5 heures du matin par une musique militaire diffusée par haut parleur -j’avais l’impression qu’il était sous mon lit- ce qui me fut confirmé par la suite par un traducteur. En effet la mission était hébergée dans la « maison du peuple » hôtel d’état appartenant au Parti Communiste du district et c’est sur place que nous prenions tous nos repas et tous les matins nous avons eu droit au réveil en fanfare….. Je retrouve Thierry qui me transmet les consignes et l’état d’avancement des travaux avant son départ pour la France et pendant un mois avec un médecin de Bordeaux, Catherine, nous fûmes les deux seuls européens dans cette ville de 20000 habitants.
L’hôpital était distant de deux kilomètres, j’avais loué un vélo chinois et tous les jours je faisais deux allers retours entre le lieu d’hébergement et l’hôpital. Les premiers jours, les habitants me regardaient pédaler avec curiosité puis bientôt les saluts ont remplacé la méfiance et je faisais partie du « paysage ».
Pendant mon séjour avec Quan j’ai eu la possibilité de visiter ce fameux camp retranché, les collines aux noms charmants de femmes, Dominique, Eliane, Béatrice, Huguette, Claudine, Marcelle, Gabrielle. Nos militaires étaient des poètes mais par contre de très mauvais stratèges car l’endroit choisi pour masser les troupes ne pouvait être qu’un piège…..
Au cours des journées passées à l’hôpital quelques scènes reviennent à ma mémoire.
Les opérations chirurgicales se pratiquaient dans une pièce éclairée par des fenêtres souvent entrebâillées pour assurer un peu de fraîcheur et les familles des patients assistaient, regardant par ces ouvertures, les gestes du chirurgien qui officiait dans des conditions d’hygiène tout à fait contestables. En effet, chaque malade était accompagné des proches parents car la nourriture et le lavage "étaient assurés par la famille qui campait sur place pendant tout le temps de l’hospitalisation. Ce temps était plus ou moins long car ce qui m’a marqué profondément c’était le matin de très bonne heure, en catimini, se sentant coupable, le convoi composé de deux vélos avec une perche en bambou supportée par les guidons et une bâche verte suspendue avec un corps à l’intérieur.
Par contre il y eu des moments agréables et plus décontractés comme les pauses thé servies par les infirmières ou les parties de badminton engagées entre tout le personnel hospitalier à partir de 6 heures laissant pendant une heure au moins le caractère d’urgence pour les soins et même pour les opérations.
Claude est venu me rejoindre fin octobre et le 4 novembre je prenais l’avion pour mon retour en France.
Je suis par la suite retourné deux fois à Dien Bien Phu dans le cadre de voyage et à chaque fois je me suis rendu à l’hôpital. D’abord en 1998 où j’ai été accueilli avec beaucoup de joie par mon ami Quan, le personnel hospitalier et le chirurgien chef qui avec fierté m’a montré l’évolution positive de son hôpital car il avait été nommé directeur et en 2002, reconnaissant beaucoup moins de personnes mais toujours accompagné par le même directeur qui m’annonçait la construction d’un hôpital moderne pour la province de Laïchau.
1995 Kep Cambodge
13 ans déjà que, partie avec Pierre Letourneur, Philippe Pappini, Serge Mingolo, nous sommes allés dans un orphelinat au sud du Cambodge au bord de la mer à 15 km à vol d’oiseau du Vietnam.
Kep était, avant l’arrivée des khmers rouges, l’équivalent de notre St Trop’… mais en 1995, quelle désolation !
Les maisons étaient détruites, les arbres de la forêt avaient été coupés pour être vendus afin de financer la guerre.
La population commençait à revivre, mais avec quelles difficultés !
Le médecin qui venait au dispensaire n’avait quasiment plus de matériel et très peu de matériel, malgré les très grands besoins pour soigner le paludisme et les problèmes respiratoires ainsi que les blessures en tous genres.
Le chantier de l’orphelinat que nous sommes allé électrifier était financé par l’association ASPECA, organisme de parrainage pour permettre aux enfants orphelins ou de familles sans ressources de les prendre en charge, de faire des études. Les quatre «mamans» de l’orphelinat étaient de jeunes femmes qui avaient la responsabilité d’une quinzaine d’enfants chacune.
Deux maisons supplémentaires étaient en construction (hommes et femmes travaillaient sur le chantier, sans mécanisation) financées par la communauté de la Pierre qui Vire qui était auparavant installée sur ce terrain et avait dû en partir lors de l’arrivée des khmers rouges.
Les plus grands jeunes de l’orphelinat (13 et 14 ans) ont alors travaillé avec nous sur le chantier et appris les premières bases de l’électricité.
Quels souvenirs ! Immergés dans ce petit village avec les enfants et les travailleurs cambodgiens du chantier dont deux déposaient leur kalachnikov en arrivant ; l’ancien hôtel où nous logions et où nous voyons arriver un soir des camions de l’armée avec soldats armés jusqu’aux dents ; la pub pour les cigarettes d’Alain Delon ; une araignée de 15 cm de diamètre ; les enfants experts en épluchage des ananas en diagonale ; nos efforts respectifs pour communiquer malgré la barrière de la langue, la mer à la couleur de la terre…
Voilà pourquoi, lorsque l’on revient d’un chantier ESF, on est un peu déphasés par rapport à notre mode de vie occidental et que l’on peut relativiser l’importance de nos soucis.